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le 27/10/2016 à 11:15:17
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Depuis 1970, la Terre a perdu 58% de ses populations d'espèces sauvages !
L'état de la Planète est alarmant : les espèces disparaissent à un rythme sans précédent ➡️ http://wwf.fr/lpr2016 http://assets.wwffr.panda.org/downloads/27102016_lpr_2016_rapport_planete_vivante.pdf Message modifié le 27/10 à 11:33:53 par Lorran. |
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Message modifié le 08/11 à 09:09:47 par Lorran. |
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http://lesmoutonsenrages.fr/2017/01/09/la-france-des-riches-et-la-france-despauvres/
lundi 9 janvier 2017 Benji 24 commentaires Modifier l'article Je vous soumets un article proposé par notre Benji en 2010, ce n’est pas un rappel, c’est pour vous permettre de comparer la situation actuelle, 6 ans après. A vos calculettes… image: http://lesmoutonsenrages.fr/wp-content/uploads/2012/04/europe-banques-20111008-300x187.jpg Un article réellement hallucinant tout en chiffres et en nombres!!! Voici une vision de la réalité qui initialement devait faire partie de la revue de presque mais que je ne peux que mettre également ici, c’est dingue!!! Vous souhaitez en savoir un peu plus sur la situation financière réelle dans ce pays? Vous allez etre servi!!! Si nous devions énumérer tout ce qui ne va pas dans ce pays, il y en aurait pour des années, une collection complète de livres ne suffirait pas, mais nous avons ici un petit, tout petit aperçu de la situation financière, dingue! Franchement dingue!!! Alors qu’un quart des salariés français touche moins de 0,7 Smic, alors que plus de 8 millions de français vivent sous le seuil de pauvreté, alors qu’il faudrait travailler plus longtemps pour toucher une retraite plus basse, alors que les salaires sont comprimés et que l’emploi est au plus mal…, voici quelques chiffres pour armer la formidable colère populaire qui s’est levée dans le pays et qui n’est pas prête à s’éteindre. 195 milliards d’euros par an Sans même parler du fond, c’est-à-dire du racket généralisé que constitue le profit capitaliste, au cours des 25 dernières années, 10 % de la richesse totale produite en France, sont passés de la poche des producteurs (travailleurs, salariés) à celle des rentiers (investisseurs, ou spéculateurs), soit 195 milliards d’euros par an, qui devraient permettre, s’ils étaient restitués aux travailleurs, de financer : la sécurité sociale, les retraites, les services publics ainsi que des augmentations de salaire conséquentes et l’augmentation des minima sociaux. Ces 195 milliards sont à comparer par exemple aux 50 milliards de déficit pour 2010 (Sécu + retraites), creusé à coups de suppressions d’emplois et d’exonérations massives pour les grandes entreprises. Niches fiscales et niches sociales Il y a 400 niches fiscales qui représentent 75 milliards d’euros par an de manque à gagner pour l’Etat. Ces niches fiscales ne profitent évidemment pas, aux couches les plus défavorisées. L’exonération des cotisations patronales accordées aux grands groupes du CAC-40 atteint à elle seule : 32 milliards d’euros par an. La bourse Les dividendes versés aux actionnaires chaque année sont de 167 milliards d’euros. Les gains générés par l’argent placé en bourse sont taxés à : 18% ; La taxation du travail est en moyenne de 42% Evasion fiscale et paradis fiscaux L’évasion fiscale (les pauvres n’en ont pas les moyens…) est estimée aux alentours de : 50 milliards d’euros par an. Les sommes déposées sur la banque Clearstream (Luxembourg) s’élèvent selon son directeur à : 9000 milliards d’euros. Soit le budget annuel de la France pendant 23 ans. Il y a 130.000 transactions financières par jour à la banque Clearstream (que Mrs Sarkozy et Villepin connaissent bien). Le Luxembourg est placé en tant que PARADIS FISCAL européen derrière : le Lichtenstein, la Suisse et Monaco… Détournement de l’argent public Un exemple parmi d’autres : La construction des autoroutes a été financée par nos impôts. Les autoroutes devraient donc être un bien public, et profiter au financement des retraites et de la sécurité sociale. Le chiffre d’affaire des sociétés d’autoroute est actuellement de: 9 milliards d’euros par an dont 3,2 milliards seulement vont à l’état. Reste 5, 8 milliards. Train de vie des dirigeants politiques – Une cafetière à 25.000 euros (plus de 2 ans de SMIC) dans le jet privé de N. Sarkozy - Le voyage de M. Joyandet (secrétaire d’état de N.Sarkozy) en jet privé 116 500 euros avec l’argent du contribuable (Près de 10 années de SMIC) – Monsieur Julien Dray (P.Socialiste) s’achète pour 200 000 euros de montres de luxe (près de 17 années de SMIC) Dette publique La dette publique s’élève à : 1600 milliards soit 26 000 euros par français. Les intérêt de la dette : 50 milliards par an, reversés aux marchés financiers (Banques, assurances, groupes financiers) et aux grosses fortunes françaises et étrangères. Nos impôts servent donc à enrichir les plus riches, ceux là même qui nous demandent de nous serrer la ceinture, et qui financent et arrosent nos politiciens tout en étant bien souvent des adeptes de l’évasion fiscale. . Budget militaire de la France 65 milliards d’euros en 2009 (3ème rang mondial) Les grosses fortunes françaises 1ère fortune française : Monsieur Bernard Arnault (LVMH) 22,760 milliards d’euros. Son salaire est de 3,9 millions d’euros par an soit 10684€ par jour sur 365 jours 2 ème fortune française : M Mulliez (Auchan) 19 milliard d’euros 3 ème fortune française : Madame Bettencourt (l’Oréal) : 16 à 17 milliards d’euros Bouclier fiscal : Madame Bettencourt a reçu un chèque du fisc de 30 millions d’euros en 2008. (Soit 2500 années de SMIC) Les 3 plus grosses fortunes françaises représentent donc à elles seuls bien plus que le trou des retraites et de la sécurité sociale réunis. 22,7 + 19 + 16,5 = 58,2 milliards d’euros Les 500 plus grosses fortunes françaises représentent la coquette somme de : 241 milliards d’euros. Le pouvoir des grands capitalistes français, incarné par Sarkozy et arc-bouté sur l’UE qui organise au niveau continental la mise à sac de tous les acquis sociaux et démocratiques, n’arrête pas d’imposer des sacrifices à la France d’en-bas : tout passe à la moulinette euro-patronale afin de servir des profits toujours plus juteux à l’infime minorité qui se gave en étranglant le peuple. Retraites, sécu, emplois, salaires, services publics… Il n’y aura pas de solution miracle en 2012. C’est en comptant sur leurs propres forces que les travailleurs pourront imposer leurs revendications en intensifiant leurs luttes sous toutes les formes. A l’image de la formidable mobilisation de l’automne 2010 qui a remis à l’ordre du jour la lutte des classes, le peuple travailleur doit entrer en résistance permanente. En savoir plus sur http://lesmoutonsenrages.fr/2017/01/09/la-france-des-riches-et-la-france-despauvres/#JlLtpjxGQrX0ERY l.99 |
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https://mrmondialisation.org/ceci-nest-pas-un-poisson-davril-%f0%9f%90%9f/
Sincèrement, on aimerait que tout ceci ne soit qu’un bon gros poisson d’avril et que, demain, nous puissions reprendre nos vies comme si de rien n’était. Malheureusement, tout ça est bien réel et nous traversons une période charnière de l’Histoire qui déterminera l’orientation de l’avenir de l’humanité. Petit bilan en ce début 2017 de ce qui ne fut définitivement pas un poisson d’avril ! 1. Le CETA (Accord économique et commercial global) entrera en vigueur début avril 2017 sans faire de vague, bien qu’une forte majorité de députés Français ait voté contre. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 2. En Île-de-France, 1/3 des 135 espèces de papillons recensées sont en voie de disparition ou d’ores et déjà disparues. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 3. Dans les centres-villes français, près d’un commerce de proximité sur dix est fermé. Dans le même temps, les centres-commerciaux géants, aux enseignes mondialisées, continuent de se répandre. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 4. Février 2017 a été le deuxième mois de février le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 5. Pendant ce temps, le président de la seconde puissance économique mondiale (États-Unis), continue d’affirmer que le changement climatique n’existe pas, relance les grands projets pétroliers et promet de revenir sur les engagements sur le climat de son pays. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 6. Total, Engie et EDF sont les trois entreprises françaises qui dépensent le plus en lobbying à Bruxelles. Plus de 1000 lobbies inscrits à Bruxelles sont français. Avec ou sans l’Union européenne, la France représente à elle seule le plus important lobbying industriel d’Europe. Et ceci n’est pas un poisson d’Avril… (source) 7. En 2016, 74 journalistes ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 8. En matière de liberté de la presse, la France est classée seulement 45ème pays au monde, derrière le Botswana, la Lituanie et le Ghana. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 9. Depuis 2015, une première depuis des décennies, les budgets militaires au niveau mondial augmentent. Fillon, Macron ou Le Pen, le trio de tête des candidats aux présidentielles les plus médiatisés envisage d’augmenter encore la course à l’armement. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 10. Des éléments cancérogènes à des niveaux supérieurs aux seuils légaux ont été découverts dans les biscuits pour bébé de grandes marques dont Nestlé. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 11. Dans le monde, 840 millions de personnes sont sous alimentées. Plus de deux milliards n’ont pas accès à une eau potable. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 12. En Belgique, une famille sur cinq vit en situation de précarité énergétique. En France, ils sont 12 millions. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source / 2) 13. En France, 100% des femmes utilisatrices des transports en commun ont subi au moins une agression sexuelle dans leur vie. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 14. En 2016, les entreprises du CAC40 ont réalisé 75,8 milliards d’euros de bénéfices. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 15. 2016 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée de l’histoire des hommes. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 16. Les huit milliardaires les plus riches au monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population mondiale. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) 17. Depuis l’élection de François Hollande, les ventes d’arme ont rapporté plus de 80 milliards d’euros à la France. La guerre, ce business comme les autres. Et ce n’est pas un poisson d’avril… (source) Message modifié le 01/04 à 20:07:32 par Lorran. |
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Personne ne peut décemment croire que la poussée perpétuelle de l'extrême droite et de l'abstention depuis 20 ans ne serait uniquement que le fruit du racisme ou de la haine.
Les délocalisations, le chômage de masse, le capitalisme de connivence avec les multinationales, le tout pouvoir de la finance, la marchandisation de l'être humain, les coupes budgétaires dans l'enseignement et la santé, la pulvérisation du terreau local, le triomphe du marché global, les grands accords internationaux (CETA/TAFTA/TTIP), la dégradation des droits sociaux,... Qu'ont fait les gouvernements successifs pour garantir la juste répartition des richesses et l'hégémonie des peuples alors même que le PIB par habitant du pays n'a jamais été si élevé de son histoire ? Ayons le courage de le dire, nombre d'individus se tournent vers l'extrême droite par Réaction, par déception ou par rejet radical d'une économie triomphante dont ils peinent à comprendre les rouages. L'horreur du paradoxe veut que cette triste progression vient justifier par opposition binaire la conservation du système actuel, en perpétuant la même lignée politique. Pour éviter le pire, on se résigne à la soumission. Le serpent se mord la queue dans une boucle infernale. Sans l'espoir d'une troisième voie (et voix), proposant un nouveau projet de société ambitieux et positif, il y a tout à parier que cette progression se perpétue jusqu'en 2022. Hasard calendrier, la Banque Mondiale annonce que deux tiers des emplois pourraient être détruits à cause de l'automatisation des tâches dans les décennies à venir. Nous sommes assis sur une bombe à retardement qui imposera de reconsidérer d'urgence la manière dont les richesses produites sont partagées. ![]() Source : http://mobile.francetvinfo.fr/…/quatre-chiffres-qui-montren… Infos & Débats | Mr Mondialisation Emmanuel Macron fête sa victoire à l'élection présidentielle, le 7 mai 2017 devant la pyramide du Louvre, à Paris. (ERIC FEFERBERG / AFP) Quatre chiffres qui montrent que l'élection d'Emmanuel Macron n'est pas si écrasante Par Ilan Caro – France Télévisionshttp://[img http://mobile.francetvinfo.fr/image/75e7bpw42-0c1e/578/325/12425821.jpg Mis à jour le 08/05/2017 | 10:43 – publié le 08/05/2017 | 00:11 La victoire est claire et nette, mais n'a rien d'un triomphe. Le score d'Emmanuel Macron (66,1%) face à Marine Le Pen, au second tour de l'élection présidentielle, dimanche 7 mai, cache plusieurs faiblesses, auxquelles le nouveau président risque d'être confronté très rapidement. >> Réactions, résultats définitifs : suivez notre direct sur la présidentielle Un président choisi par seulement 44% des inscrits Avec 25,44% d'inscrits qui ne sont pas allés voter, selon les chiffres définitifs du ministère de l'intérieur, cette élection présidentielle enregistre le taux d'abstention le plus élevé pour un second tour depuis 1969. A l'époque, le duel droite-centre droit entre Georges Pompidou et Alain Poher avait été boudé par la gauche. L'abstention est particulièrement élevée parmi les électeurs qui avaient voté Jean-Luc Mélenchon au premier tour : 24% d'entre-eux ne se sont pas déplacés ce 7 mai. Les 18-24 ans (34%) et les chômeurs (35%) sont les catégories qui se sont le plus abstenues. Par ailleurs, plus de 4 millions d'électeurs (soit 8,6% des électeurs inscrits et 11,5% des votants) ont glissé un bulletin blanc ou nul dans l'urne lors de ce second tour. Il s'agit d'un record absolu sous la Ve République. En définitive, Emmanuel Macron a donc été élu par seulement 43,6% des électeurs inscrits, alors que le total de l'abstention et des votes blancs et nuls atteint 34%. Un choix par défaut pour 43% de ses électeurs Parmi les électeurs d'Emmanuel Macron au second tour, 43% disent avoir voté pour lui en premier lieu pour faire barrage à Marine Le Pen. Toujours selon le sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions*, 33% de ses électeurs disent avoir voté pour lui pour le renouvellement qu'il représente, seulement 16% pour son programme et 8% pour sa personnalité. Les raisons du vote en faveur de Marine Le Pen, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria. Les raisons du vote en faveur de Marine Le Pen, selon un sondage Ipsos/Sopra Steria. ((IPSOS/SOPRA STERIA)) Ce manque d'adhésion annonce peut-être les difficultés auxquelles Emmanuel Macron pourrait être confronté dès sa prise de fonctions. Ces chiffres montrent en tout cas que le nouveau président ne bénéficiera pas d'un état de grâce au début de son quinquennat. Près de 11 millions de voix pour le FN, du jamais-vu Derrière la victoire d'Emmanuel Macron et la défaite de Marine Le Pen se cache un chiffre qui relativise l'ampleur du score obtenu par le nouveau président. Avec plus de 10,6 millions de voix, Marine Le Pen signe un record pour le Front national. Elle double ainsi le score obtenu par Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002 (5,5 millions). Et elle améliore d'au moins 3 millions de voix son score du premier tour. 61% des Français ne souhaitent pas lui donner une majorité absolue Autre chiffre inquiétant pour Emmanuel Macron : si les Français l'ont largement élu, ils ne souhaitent pas pour autant lui donner un blanc-seing. Selon notre étude Ipsos/Sopra Steria, 61% des sondés ne souhaitent pas lui donner une majorité absolue à l'Assemblée nationale. Ils ne sont que 15% à le souhaiter "tout à fait" et 24% à le souhaiter "plutôt". (IPSOS/SOPRA STERIA) Les élections législatives des 11 et 18 juin, qui détermineront en grande partie la teneur du quinquennat d'Emmanuel Macron et sa capacité ou non à gouverner, pourraient donc se révéler très difficiles pour le nouveau chef de l'Etat. * Sondage Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, Le Point, Le Monde, France 24 et les chaînes parlementaires. |
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le 11/05/2017 à 10:13:09
http://partage-le.com/2017/05/la-dissimulation-de-lecocide-le-triomphe-du-mensonge-et-de-la-propaga nde/ POSTED BY: LEPARTAGE 10 MAI 2017 La manière dont nous nous comportons est profondément influencée par notre expérience du monde, qui est profondément influencée par la manière dont nous percevons le monde, qui est profondément influencée par ce que nous croyons à son sujet. — Derrick Jensen, « The Myth of Human Supremacy » (Le mythe de la suprématie humaine) Le regard que l’on choisit de porter sur le monde qui nous entoure découle de notre éducation — de notre conditionnement, de nos connaissances. Ce qui explique pourquoi, malgré le déroulement actuel d’un véritable drame socio-écologique, celui-ci soit si peu discuté, à peine aperçu, et à peine dénoncé. Ce qui explique d’ailleurs pourquoi ce drame peut se produire en premier lieu. Les tenanciers du désastre de notre époque, ses acteurs les plus influents, les grands patrons de multinationales, de banques, de fonds d’investissement, les dirigeants des superpuissances étatiques, ceux qui ont beaucoup investi, qui misent gros, et qui ont donc beaucoup à perdre, propagent, à travers leurs nombreux outils d’acculturation et d’enculturation (programmes nationaux d’éducation, médias, institutions culturelles, etc.), une certaine vision de notre situation globale. Et ce depuis des siècles. L’école a en effet été conçue comme un outil de contrôle et de formatage au service d’oligarchies ou d’autocrates et certainement pas comme un outil d’émancipation populaire — exemple parmi tant d’autres, Napoléon Bonaparte : « Mon but principal, dans l’établissement d’un corps enseignant, est d’avoir un moyen de diriger les opinions politiques et morales ». Véritable usine d’aliénation institutionnalisée (au « programme » fixé par l’état), elle inculque des valeurs toutes plus nocives les unes que les autres (l’obéissance aveugle, le travail, la compétition, etc.) et enseigne l’Histoire selon l’angle des vainqueur (à propos de l’école, il faut lire l’article de Carol Black sur la scolarisation du monde, que nous avons traduit). Le concept d’Histoire est d’ailleurs un vecteur de l’idéologie des classes dominantes. Il marque une séparation entre la préhistoire (la majeure partie de l’existence humaine), peu étudiée, probablement parce que considérée comme peu intéressante (des hommes qui grognaient dans des caves, tout au plus), et l’Histoire (la vraie, l’importante, celle qui compte vraiment, celle dans laquelle on se doit d’entrer, façon Sarkozy). Dans son excellent livre « Zomia ou l’art de ne pas être gouverné », le professeur James C. Scott écrit que : Les termes traditionnels utilisés en birman et en thaï pour le mot ‘histoire’, respectivement ‘yazawin’ et ‘phonesavadan’, signifient littéralement tous deux ‘histoire des vainqueurs’ ou ‘chronique des rois’. […] Dans la même veine, Philip Slater, critique social états-unien, écrivait que : L’histoire […] est en très grande majorité, même aujourd’hui, un récit des vicissitudes, des relations et des déséquilibres créés par ceux qui sont avides de richesse, de pouvoir, et de célébrité. Quant à la presse, sa diffusion et son contenu ont toujours été contrôlés par les pouvoirs en place, par les possédants, depuis l’Ancien Régime et son « Privilège du Roi » jusqu’à aujourd’hui où dix milliardaires contrôlent une grande partie des médias français. Et si la presse est désormais insidieusement qualifiée de « libre » c’est simplement parce que la classe des dominants s’est rendue compte que le mensonge et l’hypocrisie étaient de meilleurs outils de contrôle que la (menace de) violence physique (bien que la menace de violence physique et la violence elle-même soient encore très utilisées aujourd’hui). La même raison fait que notre régime gouvernemental actuel est qualifié de « démocratie », que le système d’échange financier est qualifié de « libre marché », et que les pays où tout ça a été décidé s’auto-qualifient de « monde libre ». La liberté, à mesure qu’elle disparaissait dans les faits, était placardée et plastronnée partout. Quand je vois une gigantesque statue de la liberté à l’entrée du port d’un grand pays, je n’ai pas besoin qu’on m’explique ce qu’il y a derrière. Si on se sent obligé de hurler : « Nous sommes un peuple d’hommes libres ! », c’est uniquement pour dissimuler le fait que la liberté est déjà fichue ou qu’elle a été tellement rognée par des centaines de milliers de lois, décrets, ordonnances, directives, règlements et coups de matraque qu’il ne reste plus, pour la revendiquer, que les vociférations, les fanfares et les déesses qui la représentent. — B. Traven, « Le vaisseau des morts » La culture, au sens large, produit d’une ingénierie culturelle séculaire, élaborée par les élites et pour les élites (et pour ceux qui n’en sont pas mais sont éduqués à vouloir en être), conditionne les masses de façon à obtenir une main d’œuvre docile et soumise, en véhiculant ces mêmes valeurs, en glorifiant l’idéologie de la classe dominante — le mythe du progrès. Par un grotesque mécanisme de dressage systématique récompensant les comportements conformes aux volontés des élites, et par la fabrication du consentement qui en découle, toutes les institutions et toutes les populations se mettent au diapason — c’est ainsi qu’on dresse les chiens. Et c’est ainsi que partout on vante les mérites du « développement », du « progrès », et de la « civilisation » triomphante. * Un des principaux travers de l’idéologie dominante — de l’idéologie des élites, qui, par un ruissellement culturel, devient l’idéologie de leurs sujets, les masses —, est sa profonde aliénation vis-à-vis de la nature. Cette perte du lien avec le monde naturel semble aussi ancienne que la civilisation (en tant que culture, que type d’organisation sociale et que mode de vie spécifique), dont elle est une caractéristique essentielle — avec son corollaire : le mythe de la suprématie humaine, cette idée selon laquelle l’être humain serait une créature supérieure, toute-puissante, aux prérogatives d’essence quasi-divine. Ainsi que Derrick Jensen le rappelle : Les humains civilisés détruisent les terres, et ce depuis l’aube de la civilisation. L’un des premiers mythes écrits de cette culture décrit Gilgamesh, déforestant ce que nous appelons aujourd’hui l’Irak — rasant des forêts de cèdres si épaisses que la lumière du soleil ne pouvait atteindre le sol, tout cela pour construire une grande cité, ou, plus exactement, pour que l’on retienne son nom. Aristote, en son temps, écrivait que : Les plantes existent pour les animaux, et les autres animaux pour l’homme, les animaux domestiques pour son usage et sa nourriture, les animaux sauvages, sinon tous du moins la plupart, pour sa nourriture et d’autres secours puisqu’il en tire vêtements et autres instruments. Si donc la nature ne fait rien d’inachevé ni rien en vain, il est nécessaire que ce soit pour les hommes que la nature ait fait tout cela. C’est pourquoi, en un sens, l’art de la guerre est un art naturel d’acquisition (car l’art de la chasse est une partie de cet art) auquel nous devons avoir recours contre les bêtes et les hommes qui sont nés pour être commandés mais n’y consentent pas : cette guerre-là est juste par nature. & Cicéron : Ce que la nature a fait de plus impétueux, la mer et les vents, nous seuls avons la faculté de les dompter, possédant l’art de la navigation ; aussi profitons-nous et jouissons-nous de beaucoup de choses qu’offre la mer. Nous sommes également les maîtres absolus de celles que présente la Terre. Nous jouissons des plaines, nous jouissons des montagnes ; c’est à nous que sont les rivières, à nous les lacs ; c’est nous qui semons les blés, nous qui plantons les arbres ; c’est nous qui conduisons l’eau dans les terres pour leur donner la fécondité : nous arrêtons les fleuves, nous les guidons, nous les détournons ; nos mains enfin essaient, pour ainsi dire, de faire dans la nature une nature nouvelle. Enfin, citons Saint-Simon, qui, en 1820, écrit ce qui pourrait tout à fait résumer la pensée des classes dirigeantes de notre époque industrielle : L’objet de l’industrie est l’exploitation du globe, c’est-à-dire l’appropriation de ses produits aux besoins de l’homme, et comme, en accomplissant cette tâche, elle modifie le globe, le transforme, change graduellement les conditions de son existence, il en résulte que par elle, l’homme participe, en dehors de lui-même en quelque sorte, aux manifestations successives de la divinité, et continue ainsi l’œuvre de la création. De ce point de vue, l’Industrie devient le culte. L’antidote à ce poison du mythe de la suprématie humaine, qui passe souvent pour un humanisme, a été brillamment formulé par Claude Lévi-Strauss dans une interview donnée au journal le Monde en 1979 : On m’a souvent reproché d’être anti-humaniste. Je ne crois pas que ce soit vrai. Ce contre quoi je me suis insurgé, et dont je ressens profondément la nocivité, c’est cette espèce d’humanisme dévergondé issu, d’une part, de la tradition judéo-chrétienne, et, d’autre part, plus près de nous, de la Renaissance et du cartésianisme, qui fait de l’homme un maître, un seigneur absolu de la création. J’ai le sentiment que toutes les tragédies que nous avons vécues, d’abord avec le colonialisme, puis avec le fascisme, enfin les camps d’extermination, cela s’inscrit non en opposition ou en contradiction avec le prétendu humanisme sous la forme où nous le pratiquons depuis plusieurs siècles, mais, dirais-je, presque dans son prolongement naturel. Puisque c’est, en quelque sorte, d’une seule et même foulée que l’homme a commencé par tracer la frontière de ses droits entre lui-même et les autres espèces vivantes, et s’est ensuite trouvé amené à reporter cette frontière au sein de l’espèce humaine, séparant certaines catégories reconnues seules véritablement humaines d’autres catégories qui subissent alors une dégradation conçue sur le même modèle qui servait à discriminer espèces vivantes humaines et non humaines. Véritable péché originel qui pousse l’humanité à l’autodestruction. Le respect de l’homme par l’homme ne peut pas trouver son fondement dans certaines dignités particulières que l’humanité s’attribuerait en propre, car, alors, une fraction de l’humanité pourra toujours décider qu’elle incarne ces dignités de manière plus éminente que d’autres. Il faudrait plutôt poser au départ une sorte d’humilité principielle ; l’homme, commençant par respecter toutes les formes de vie en dehors de la sienne, se mettrait à l’abri du risque de ne pas respecter toutes les formes de vie au sein de l’humanité même. Malheureusement, il n’a été que formulé. Les classes dirigeantes n’ayant que faire de ces conseils, principalement parce qu’elles souhaitent conserver leurs pouvoirs et leurs privilèges, mais aussi parce qu’elles restent persuadées de la justesse de leur croyances (qu’elles rationalisent toujours, de quelque manière que ce soit), à travers les principaux hauts-parleurs culturels, c’est généralement le mythe de la suprématie humaine qui est véhiculé. * Parmi les mensonges officiels sur lesquels se fonde l’idée de « progrès » qui est au cœur du discours dominant, il faut souligner l’entreprise de diabolisation du passé et d’exaltation du futur. Le passé est présenté comme inférieur au présent, lui-même inférieur au futur, selon un principe temporel d’amélioration linéaire. Cette idée est manifestement fausse, ce qu’il est facile de comprendre pour peu que l’on porte un regard un tant soit peu lucide sur notre réalité. Ce noircissement du passé repose sur de multiples falsifications historiques, selon lesquelles plus on remonte dans le temps, plus on plonge dans la barbarie, plus la vie humaine était courte, brutale, dure, malheureuse et sombre – on mourait d’un simple rhume, ou de vieillesse à 20 ans, ou de carences alimentaires, ou de violences omniprésentes, etc. En réalité, la liberté dont l’être humain jouissait par le passé a diminué à mesure de l’expansion des premières formes d’état, à l’instar de l’authenticité, de l’originalité, de l’indépendance, de l’autonomie, et de la richesse, qui caractérisaient la diversité des vies et des cultures humaines ayant existé, et qui caractérisent celles des quelques peuples non-civilisés qui subsistent encore. L’insistance sur l’augmentation de l’espérance de vie, dont il faut rappeler qu’elle ne saurait être un but en elle-même, et dont la plupart des gens se font une idée fausse, fait aussi partie de cette entreprise de dénigrement du passé. Par ailleurs, il est grotesque, présomptueux et méprisant (à l’égard des temps passés) de prétendre que la modernité et son « progrès » apportent le bonheur, ce qui, au vu du mal-être mondialisé, de l’explosion du stress, des burnouts, des dépressions, des angoisses et des troubles mentaux, des taux de suicides et des prescriptions d’antidépresseurs, est aisément contestable. Et pourtant la civilisation industrielle — désormais planétaire, s’étant imposée partout à grands renforts de colonisations et d’impérialisme, basée sur l’esclavage salarial obligatoire, sur un extractivisme permanent, où les richesses et les bénéfices se concentrent entre les mains d’un nombre toujours plus restreint d’individus, qui a rendu l’air cancérigène, qui a contaminé les sols, les eaux et l’atmosphère de millions de produits de synthèse parfois extrêmement toxiques, qui détruit les forêts du monde entier et rempli les océans de plastiques, dont l’expansionnisme prédateur engendre actuellement la 6ème extinction de masse de l’histoire de la planète et un dérèglement climatique aux conséquences potentiellement dramatiques — est considérée, « progrès » oblige, comme le pinacle de l’existence humaine. Cette inversion des réalités est dénoncée depuis longtemps. Pour prendre un exemple, voici un passage tiré du livre « Les temps futurs » d’Aldous Huxley : Dès le début de la révolution industrielle, il avait prévu que les hommes seraient gratifiés d’une présomption tellement outrecuidante pour les miracles de leur propre technologie qu’ils ne tarderaient pas à perdre le sens des réalités. Et c’est précisément ce qui est arrivé. Ces misérables esclaves des rouages et des registres se mirent à se féliciter d’être les Vainqueurs de la Nature, vraiment ! En fait, bien entendu, ils avaient simplement renversé l’équilibre de la Nature et étaient sur le point d’en subir les conséquences. Songez donc à quoi ils se sont occupés au cours du siècle et demi qui a précédé la Chose. A polluer les rivières, à tuer tous les animaux sauvages, au point de les faire disparaître, à détruire les forêts, à délaver la couche superficielle du sol et à la déverser dans la mer, à consumer un océan de pétrole, à gaspiller les minéraux qu’il avait fallu la totalité des époques géologiques pour déposer. Une orgie d’imbécillité criminelle. Et ils ont appelé cela le Progrès. Le Progrès ! Je vous le dis, c’était une invention trop fantastique pour qu’elle ait été le produit d’un simple esprit humain — trop démoniaquement ironique ! Il a fallu pour cela une Aide extérieure. Il a fallu la Grâce de Bélial, qui, bien entendu, est toujours offerte — du moins, à quiconque est prêt à coopérer avec elle. Bien entendu, le discours des médias et des principales institutions culturelles ignore volontiers le désastre en cours, d’où la prolifération de sujets de divertissement, d’où une véritable culture de la distraction permanente et frénétique (tout plutôt que parler de l’éléphant dans la pièce, ce qui risquerait de perturber le business-as-usual, et qui menacerait donc les intérêts des classes dominantes). Il n’insiste pas sur la myriade d’exactions engendrées par la civilisation industrielle planétaire, dont celles précédemment citées (réchauffement climatique, 6ème extinction de masse, etc.), qui sont les principales, mais qui sont loin d’être les seules ; bien d’autres sont passées sous silence, dont voici quelques exemples, pêle-mêle : le réseau d’exploitation sexuelle et d’esclavage salarial qui sévit actuellement dans l’agriculture sicilienne et dans lesquelles des milliers de femmes sont violées et battues ; le réseau d’esclavage moderne qui exploite près de 40 000 femmes en Italie continentale, des italiennes et des migrantes, dans des exploitations viticoles ; les épidémies de suicides et la pollution massive qui frappent actuellement la région de Bangalore (qualifiée de capitale mondiale du suicide) en Inde, où le « développement » détruit les liens familiaux et les communautés humaines ; l’exploitation de burkinabés de tous âges dans les camps d’orpaillage du Burkina Faso, où ils vivent et meurent dans des conditions dramatiques, entre malaria et maladies liées à l’utilisation du mercure, au bénéfice des riches et puissantes multinationales des pays dits « développés » ; le sort des pakistanais qui se retrouvent à trier les déchets électroniques cancérigènes des citoyens du monde libre en échange d’un salaire de misère (et de quelques maladies) ; l’exploitation de nicaraguayens sous-payés (la main d’oeuvre est la moins chère d’Amérique centrale) dans des maquiladoras, où ils confectionnent toutes sortes de vêtements pour des entreprises souvent nord-américaines, coréennes ou taïwanaises ; les épidémies de maladies de civilisation liées à la malbouffe industrielle, qui ravagent les populations du monde entier, dont les communautés du Mexique (deuxième pays au monde en termes de taux d’obésité et de surpoids, après les USA), qui connait une épidémie de maladies liées au gras et au sucre, où 7 adultes sur 10 sont en surpoids ou obèses, ainsi qu’1 enfant sur 3 – d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les mexicains sont les premiers consommateurs de soda (163 litres par an, et par personne), et la population la plus touchée par la mortalité liée au diabète de toute l’Amérique latine ; l’exploitation d’enfants et d’adultes au Malawi dans des plantations de tabac (où ils attrapent la « maladie du tabac vert » par intoxication à la nicotine) destiné à l’exportation, au bénéfice des groupes industriels comme British American Tobacco (Lucky Strike, Pal Mal, Gauloises, …) ou Philip Morris International (Malboro, L&M, Philip Morris…) ; la transformation de l’Albanie en poubelle géante (où l’on importe des déchets d’un peu partout pour les traiter, ce qui constitue un secteur très important de l’économie du pays, des milliers de gens vivent de ça, et vivent dans des décharges) ; la transformation de la ville de Guiyu en Chine, en poubelle géante de déchets électroniques (en provenance du monde entier), où des centaines de milliers de chinois, enfants et adultes, travaillent à les trier, et donc en contact direct avec des centaines de milliers de tonnes de produits hautement toxiques (les toxicologues s’intéressent aux records mondiaux de toxicité de Guiyu en termes de taux de cancer, de pollutions des sols, de l’eau, etc.) ; les pollutions massives de la mer Méditerranée, qui font d’elle la mer la plus polluée du monde, et sa surexploitation, qui fait d’elle un désert bleu ; les destructions environnementales en Mongolie (liées au « développement » du pays et à son industrie minière), où des villes parmi les plus polluées au monde suffoquent dans ce que certains décrivent comme « un enfer » ; les destructions des récifs coralliens, des fonds marins et des forêts des îles de Bangka et Belitung en Indonésie, où des mineurs d’étain légaux et illégaux risquent leur vie et perdent leur santé pour obtenir ce composant crucial des appareils électroniques, embourbé dans une vase radioactive ; la contamination des sols et des cours d’eau de plusieurs régions tunisiennes, où du cadmium et de l’uranium sont rejetés, entre autres, par le raffinage du phosphate qui y est extrait, avant d’être envoyé en Europe comme engrais agricole (raffinage qui surconsomme l’eau de nappes phréatiques et qui génère une épidémie de maladies plus ou moins graves sur place) ; les déforestations massives en Afrique, en Amazonie, en Indonésie, et un peu partout sur le globe, qui permettent l’expansion des monocultures de palmiers à huile, d’hévéa, d’eucalyptus et d’autres arbres (parfois génétiquement modifiés) utilisés par différentes industries, ou l’expansion des plantations de soja, ou l’expansion des surfaces destinées à l’élevage industriel ; comme vous le comprenez peut-être, cette liste est infinie, ou presque. Et chaque jour le bilan s’alourdit. (Individuellement, il nous est impossible de suivre. La plupart des gens n’ont ni le temps, ni l’envie, ni la curiosité nécessaire pour évaluer et appréhender tout cela. Le travail et le divertissement sont de puissants outils de contrôle social, et puisque les médias de masse et les principales institutions culturelles n’en parlent pas, ou si peu, tout ceci est méconnu.) Le monde entier se modernise, s’industrialise, de plus en plus de ressources sont nécessaires pour satisfaire toujours plus de nouveaux besoins artificiels (d’où l’explosion des ventes de smartphones en Asie, en Afrique, et ailleurs, des ventes de téléviseurs, etc.). Des entreprises minières qui convoitent depuis longtemps les terres rares et autres minerais (comme l’uranium) des sous-sols groenlandais — récemment rendus accessibles, par chance, grâce au réchauffement climatique qui ouvre la voie à l’industrialisation de ce pays autrefois isolé et qui, accessoirement, a entièrement détruit leur mode de vie traditionnel, qui a anéanti les populations de poissons et autres animaux marins de la région — se préparent maintenant à commencer à les extraire. Une compagnie australo-chinoise a d’ores et déjà obtenu un permis. Les locaux semblent divisés vis-à-vis de ces exploitations. Certains sont préoccupés par les risques écologiques que cela pose. D’autres s’en foutent. Quoi qu’il en soit, les compagnies assurent que leurs extractions seront respectueuses de l’environnement (ne riez pas) ; qui plus est, ces terres rares et autres minerais tout aussi géniaux (comme l’uranium) sont extraits afin d’alimenter « l’économie verte » (pour fabriquer éoliennes, voitures hybrides, etc.). Ce qui nous amène à un nouveau mythe inventé il y a plus de 40 ans afin de désamorcer le doute et la contestation qui germaient à l’égard du « développement » et du « progrès », afin de rassurer et d’endormir les populations qui commençaient à se préoccuper du sort réservé au monde naturel : le mythe du « développement durable ». A propos de l’inutilité et de l’ineptie des alternatives soi-disant vertes : http://partage-le.com/2015/03/les-illusions-vertes-ou-lart-de-se-poser-les-mauvaises-questions/ Car si l’on se chamaille parfois en France, et ailleurs, entre partisans de la gauche, de l’extrême-gauche, de la droite et de l’extrême-droite, on s’accorde tous en ce qui concerne des choses comme l’électrification, unanimement considérée comme un « progrès » — évidemment ! On pense tous que le « développement » des ressources naturelles est une bonne chose — cela va de soi ! Le monde qu’ils appellent de leurs vœux, bien que différant sur des détails, est grosso modo le même : dans tous les cas, le soi-disant « progrès » technologique est à garder (téléviseurs, automobiles, grille-pains, réfrigérateurs, micr ![]() En effet, beaucoup d’individus plus ou moins conscients d’une partie des problèmes qu’engendrent ce progrès et ce développement ne souhaitent pas pour autant y renoncer, car encore trop aliénés et hypnotisés par leurs promesses miraculeuses. Ils adhèrent alors volontiers au mythe du « développement durable », à l’idée relativement absurde et manifestement fausse selon laquelle il est possible de tout avoir : le développement ET l’écologie, de tout concilier : un système mondialisé hautement technologique ET le respect de l’environnement, une société high-tech ultracomplexe planétaire ET une véritable démocratie. Ce mythe sert à protéger le statu quo. Les énergies soi-disant renouvelables sont une opération marketing. Elles reposent sur l’extractivisme, sur des pratiques anti-écologiques et sur des infrastructures industrielles entièrement insoutenables. D’ailleurs, la focalisation de la question écologique sur la seule problématique de la production énergétique permet de dissimuler l’ampleur de ce qui pose réellement problème : toutes les productions industrielles sont polluantes, toutes sont toxiques, toutes sont insoutenables (de l’industrie chimique, à l’industrie textile, en passant par les industries agricole, automobile, électro-informatique, du jouet, de l’armement, cosmétique, etc.). Les hautes technologies reposent toutes sur des processus similaires et anti-écologiques ; leur gestion requiert une spécialisation poussée, une division du travail, et donc une organisation sociale très hiérarchisée (anti-démocratique). Ceux qui choisissent de croire en ce qu’il est possible de tout avoir basent leur espérance sur une forme de foi (et manifestement pas sur le monde réel, sans quoi ils se seraient aperçus du fait que ce qu’ils fantasment est fonctionnellement et intrinsèquement irréalisable). Une foi religieuse en la toute-puissance de la science et du développement technologique, en la toute-puissance de l’être humain, finalement, ce qui illustre bien l’hubris de la civilisation. Quoi qu’il en soit, si l’on met de côté le caractère profondément anti-écologique des hautes technologies, ce qui échappe encore largement à ceux qui croient au mythe du « développement durable » comme à tous ceux qui croient en l’idéologie du « progrès », c’est que l’essence même d’une société de masse (qui plus est d’une société de masse hautement technologique), est liberticide. Ainsi que Traven le souligne dans le passage cité plus haut, plus le fonctionnement d’une société est rigidifié par des lois, des décrets, des règlements, des arrêtés, etc., plus la liberté est érodée. Plus une société regroupe d’individus, plus son potentiel démocratique diminue (ainsi que Rousseau le comprenait, la démocratie sied à un village ou à une commune, certainement pas à une société de la taille de nos états modernes). Et plus le système technologique de cette société se complexifie, moins l’individu le contrôle : plus il perd en autonomie, plus il en devient dépendant, plus son existence en devient captive (pour approfondir et mieux saisir ce phénomène, lire Jacques Ellul, Bernard Charbonneau, Lewis Mumford, ou Ivan Illich). Sans parler du fait que les matières premières nécessaires au développement hautement technologique, ou à la subsistance de ceux qui vivent de manière non-autonome, doivent bien venir de quelque part, ce qui implique l’impérialisme prédateur qui caractérise la civilisation depuis des millénaires. Si la corruption, la pollution, la destruction, les inégalités, les injustices, et tous les maux qui nous accablent, ne parviennent pas à être endigués, c’est parce notre mode de vie, notre société — la civilisation industrielle — ne peuvent être réformés. C’est parce qu’il n’y a pas de solution qui permette de conserver les conforts technologiques modernes, les commodités (relatives) apportés par le « progrès » et le « développement », ET de ne pas détruire la planète. C’est parce qu’il est impossible de concilier l’idéologie du progrès et du développement avec l’écologie et la démocratie. Aussi difficile à comprendre que ce soit aux yeux de ceux qui sont nés dans ce bourbier de culture progressiste et développementiste qu’est la civilisation, qui sont profondément imprégnés de sa mythologie toxique et de ses valeurs malsaines (chez qui on provoquerait une migraine à tenter de leur expliquer que la télévision, l’ordinateur, la voiture, internet, l’électrification et la civilisation sont manifestement autant de fourvoiements), la seule manière de mettre fin à l’écocide et au suicide en cours, et la seule manière de faire en sorte que les générations futures de non-humains et d’humains connaissent un futur relativement supportable (ou simplement pour qu’elles aient un futur), qui ne soit pas rendu absolument infernal et insupportable (par un détraquement et une destruction trop poussés des écosystèmes, par un dérèglement climatique aux conséquences trop dévastatrices, par une pollution des sols, de l’air et des eaux qui les rendent invivables), consiste à précipiter l’inéluctable effondrement de cette société mortifère. Nicolas Casaux |
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le 11/05/2017 à 10:59:36
http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/11/25/31001-20161125ARTFIG00331-natacha-polony-le-systeme -de-la-globalisation-neoliberale-craque-de-toute-part.php Par Alexis Feertchak Mis à jour le 27/11/2016 à 11:19 Publié le 25/11/2016 à 20:13 Natacha Polony : «Le système de la globalisation néolibérale craque de toute part» Abonnez-vous à Figaro Premium 56 commentaires Facebook Twitter Google + Linkedin E-mail Imprimer FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - A l'occasion de la sortie de l'essai collectif du Comité Orwell, Bienvenue dans le pire des mondes, sa présidente, Natacha Polony a accordé un entretien fleuve au FigaroVox. Pour l'éditorialiste et essayiste, il existe aujourd'hui une forme de totalitarisme soft. Le Comité Orwell est un collectif de journalistes, présidé par Natacha Polony, pour la défense du pluralisme des idées et de la souveraineté populaire. Il vient de publier Bienvenue dans le pire des mondes (éd. Plon, 2016) avec la participation de Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Guillaume Bigot, Eric Delbecque, Franck Dedieu, Benjamin Masse-Stamberger, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy et Gérald Andrieu. FIGAROVOX. - Vous publiez avec le Comité Orwell que vous présidez l'essai Bienvenue dans le pire des mondes. On pensait après 1991 être débarrassé des totalitarismes idéologiques. Sommes-nous plongés de nouveau dans les mondes de George Orwell et d'Aldous Huxley? Natacha POLONY. - Les concepts qu'ont mis en place Orwell et Huxley permettent de penser un monde qui en apparence est totalement différent. Evidemment, notre monde n'a rien à voir avec celui de 1984. A la limite, avec toutes les manipulations de l'être humain permises par les avancées scientifiques, il a peut-être plus à voir avec celui d'Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes. En revanche, nous sommes bien dans des concepts forgés par Orwell utilisés à l'époque dans des contextes différents. Il ne s'agit pas de dire que le totalitarisme que nous vivons serait aussi violent et comparable aux véritables totalitarismes soviétique, maoïste ou nazi, bien sûr que non. C'est justement ce que nous appelons dans le livre le soft totalitarisme parce qu'il ne repose pas sur la coercition. Pour autant, il est tout aussi aliénant par certains côtés. Il faut absolument remettre en vigueur ces concepts marxistes d'aliénation et d'émancipation. Le système auquel nous faisons face remet en cause l'émancipation des peuples et des individus. Quel est ce système dont vous parlez? Nous avons cru être débarrassés des idéologies Nous avons cru être débarrassés des idéologies, mais nous avons aujourd'hui à l'œuvre quelque chose qui se présente sous les habits de l'évidence, parfois de la science économique, en tout cas du pragmatisme, mais qui relève bel et bien de l'idéologie. C'est celle du libre-échangisme qui s'est développée à partir des années 1970 et qui a remis en cause petit à petit tous les acquis sociaux non seulement des classes populaires mais aussi des classes moyennes, notamment en France les acquis sociaux du Conseil national de la résistance. Cette idéologie s'est mise en place à partir de Reagan et Thatcher mais elle a vécu son ère de toute-puissance lorsque des sociaux-démocrates sont arrivés au pouvoir, aux Etats-Unis avec Bill Clinton, en Angleterre avec Tony Blair, des élus qui ont libéralisé les flux de capitaux, ont remis en cause la séparation des banques de dépôt et des banques d'investissement, toutes ces mesures qui permettaient de protéger les citoyens contre le capitalisme prédateur. Le capitalisme est-il forcément prédateur? Tout au long du 20e siècle, le capitalisme a été contenu par le fait qu'il avait un ennemi : le communisme. Pour le dire simplement, tout au long du 20e siècle, le capitalisme a été contenu par le fait qu'il avait un ennemi: le communisme. Il fallait alors que les classes dominantes nouent un contrat avec les classes populaires, c'est-à-dire qu'elles abandonnent une part de leur domination - ascenseur social, règles de protection, bref, modèles sociaux qui étaient ceux des pays occidentaux - pour que ces classes moyennes adhèrent à la démocratie libérale. A partir du moment où le capitalisme n'a plus eu d'ennemi quand le mur de Berlin est tombé en 1989, on a vu réapparaître le vrai visage d'un capitalisme déconnecté de l'économie réelle, qui n'existe plus que pour lui-même. Il ne sert plus à financer l'économie, mais il sert seulement à produire encore plus de capital. Ce système a abouti finalement à la crise de 2008. Avec le comité Orwell, nous disons qu'il s'agit d'un soft totalitarisme car il s'impose contre la volonté des peuples, tout en gardant les apparences de la démocratie. Nous rappelons dans le livre la phrase de David Rockefeller, fondateur du groupe Bilderberg et président de la Commission Trilatérale, deux groupes d'influences au service des multinationales, dans Newsweek en 1999: «Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l'identité adéquate pour le faire.» On peut comprendre la logique d'un «capitaliste» à préserver un tel système… mais qu'est-ce qui fait que les citoyens l'acceptent bon gré mal gré? Pour reprendre le langage d'Huxley, quel est le somma qui peut endormir les citoyens? C'est ce droit des peuples à disposer d'un écran plat et d'un iPad qui permet l'assentiment de tous. Il y a d'abord la société de consommation et son pendant, la société du bien-être. Elle agit à travers une idéologie du progrès qui est totalement détachée de l'idée de progrès moral de l'humanité, de progrès de la liberté, de progrès de l'émancipation. Cette idéologie s'est entièrement consacrée au progrès du bien-être. C'est ce droit des peuples à disposer d'un écran plat et d'un iPad qui permet l'assentiment. Et y a-t-il une novlangue? On ne dit pas libre-échange contre protection. On dit ouverture contre fermeture. Qui serait contre l'ouverture ? Oui, elle est efficace parce qu'à travers une forme de manipulation du langage, tout ceci est présenté sous les aspects de l'objectivité pure et s'est détaché de tous les attributs habituels de l'idéologie. Il suffit d'ailleurs de regarder comment sont présentés les débats idéologiques dans les médias. On ne dit pas libre-échange contre protection. On dit ouverture contre fermeture. Qui serait contre l'ouverture? Evidemment, dit ainsi, l'ouverture, c'est bien, la fermeture, c'est mal. Tout le langage est manipulé pour essayer de faire croire que les tenants de régulation de ce système veulent revenir à la nation, au renfermement des peuples sur eux-mêmes. Ils n'aimeraient pas l'Autre parce que - grande manipulation suprême - tout ça se fait finalement au nom de l'Autre, au nom du sympathique migrant. C'est une instrumentalisation du sort de malheureux qui fuient la misère, mais qui permet d'imposer aux classes moyennes et populaires des pays développés un système qui creusent les inégalités. Il suffit de voir comment a été reçu notre livre. Immédiatement, on nous a accolé des adjectifs comme «identitaire», «populiste» et même «complotiste»… Quel est le rôle des médias dans la transmission de cette novlangue? Dans les salles de rédaction, il n'y a pas de grand marionnettiste qui tire les ficelles et impose ce système libre-échangiste à tendance softement totalitaire! Il y a ce qui relève de ce que Pierre Bourdieu appelait un « procès sans sujet », c'est-à-dire que personne n'est coupable immédiatement. Il y a ce qui relève de ce que Pierre Bourdieu appelait un «procès sans sujet», c'est-à-dire que personne n'est coupable immédiatement. Chacun de leur côté, les journalistes tentent de faire leur travail au mieux, mais il se trouve que chacun, malgré lui, participe à ce processus sans sujet. Nous avons fondé le comité Orwell avec Jean-Michel Quatrepoint, Alexandre Devecchio, Emmanuel Lévy, Gérald Andrieu, des journalistes qui venons de différents médias et qui n'avons pas les mêmes opinions politiques et venons d'horizons différents (Le Monde, Marianne, Le Figaro, Causeur). Mais nous l'avons fondé parce qu'il nous semblait que certains sujets n'étaient jamais traités dans les médias ou étaient totalement sous-traités ou seulement selon un prisme qui était au service de cette seule idéologie libre-échangiste et qui ne laissait jamais apparaître les problématiques à l'œuvre en profondeur. Là aussi, revenons-en à Marx et à la différence qu'il établit entre infrastructure et superstructure. On nous vend toujours un débat quasiment moral, sur l'immigration, sur l'ouverture, sur le protectionnisme, et on ne va jamais voir les infrastructures, c'est-à-dire les questions économiques qui fâchent: à qui profite ce système? Le système profite évidemment aux grandes multinationales qui ont confisqué l'économie à leur seul profit, multinationales qui sont en grande majorité anglo-saxonnes et même américaines, en particulier ce que l'on appelle les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) dont la capitalisation boursière atteint les 600 milliards de dollars. Google dispose aujourd'hui d'à peu près 250 milliards de dollars en cash dans des paradis fiscaux. Auparavant, les journalistes étaient des spécialistes de leurs sujets, ils pouvaient parler d'égal à égal avec leurs interlocuteurs et avec leurs sources. Ces problèmes ne sont absolument pas abordés dans les médias parce qu'il y a aujourd'hui une concentration des médias dans les mains de groupes capitalistes qui achètent de l'influence. Les journalistes sont aujourd'hui soumis à un pouvoir économique. Ils subissent une pression pour traiter leurs sujets trop rapidement, selon un rythme qui est celui des chaines d'information en continu, qui ne leur permet pas d'adopter un point de vue éclairé. On pourrait d'ailleurs multiplier les analyses sur le monde médiatique, parler ainsi de la déstructuration dans beaucoup de journaux des différents services. Auparavant, les journalistes étaient des spécialistes de leurs sujets, ils pouvaient parler d'égal à égal avec leurs interlocuteurs et avec leurs sources. Tout ceci a été démantelé au profit d'un journalisme qu'on a voulu axé dans les années 1990 vers ce que l'on appelle l'investigation, avec un roulement dans les services qui les empêche d'acquérir un recul historique. Traditionnellement, dans les totalitarismes, la propagande, les médias, sont importants, mais il y a aussi un autre levier qui est celui de l'éducation. Comment l'Education nationale par exemple, qui est encore un organisme étatique, peut-elle être imprégnée par cette globalisation idéologique libre-échangiste? Il y a depuis trente ans un mouvement d'uniformisation des systèmes éducatifs sous les conseils des grandes instances internationales. On nous présente l'éducation comme l'un des derniers domaines régaliens, ce qui signifierait d'ailleurs que l'échec absolu de l'école française relèverait finalement de la défaillance de notre système étatique trop élitiste. C'est une idée fausse. Il y a depuis trente ans un mouvement d'uniformisation des systèmes éducatifs sous les conseils des grandes instances internationales qu'il s'agisse de l'Union européenne ou de l'OCDE, à travers notamment les textes qui accompagnent les fameuses études PISA. Ces textes dictent aux différents pays ce que devrait être un bon système éducatif. Ces recommandations vont toujours dans le sens d'un utilitarisme qui ferait de l'éducation - pour reprendre d'ailleurs une phrase d'un lobby européen - un «service rendu aux entreprises». On veut faire des élèves de futurs salariés, employables à volonté et pour cela adaptables. On oublie totalement la dimension culturelle, patrimoniale, civilisationnelle de l'éducation. Et évidemment la dimension essentielle de l'éducation qui est l'émancipation des individus. Les connaissances, le savoir sont vus dans cette idéologie seulement comme un capital que chaque individu va pouvoir faire fructifier pour participer à la croissance globale. On ne se rend pas compte qu'on détruit ainsi ce qui fait la richesse de l'école, sa capacité à transmettre des savoirs universels qui donnent cette capacité aux individus de lire le monde. C'est ce qui a fait autrefois la grandeur de l'école française et qui a permis de perpétuer l'histoire des nations, une certaine idée de la France, comme il y avait une certaine idée de l'Angleterre ou une certaine idée de l'Allemagne. Il y a bien une globalisation à l'œuvre dans l'éducation, au service de ce système économique. Qu'en est-il de l'hyperindividualisme? A la fin de l'ouvrage, la victoire du «minoritarisme» est évoquée. Comment cette propension à accorder des droits individuels participe à alimenter ce totalitarisme soft? On détourne la démocratie de son véritable rôle qui est de permettre l'expression de la souveraineté des peuples. Il ne s'agit évidemment pas de nier les avancées nécessaires des droits telles qu'on les a connues depuis la Révolution française. Nous sommes bien d'accord que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est une avancée majeure dans l'humanité - encore ne faut-il pas oublier le terme de citoyen… Mai 1968 a apporté des droits absolument fondamentaux pour les êtres humains. Il était nécessaire que cette avancée se fasse dans certains domaines, notamment en matière d'égalité homme-femme. Mais ce que l'on observe aujourd'hui est différent. C'est l'idée que la démocratie se réduirait au progrès indéfini des droits individuels. Se faisant, on détourne la démocratie de son véritable rôle qui est de permettre l'expression de la souveraineté des peuples et, à travers cela, de la souveraineté de chaque individu en tant que citoyen, qui permet à ceux-ci de décider en commun de leur destin. Cette avancée des droits individuels se fait sous l'apparence du beau, du bien et du bon. Là encore, qui serait contre accorder davantage de droits? Si on le présente ainsi, bien sûr que ce processus apparaît comme la victoire du camp du bien. Sauf que là encore, c'est une façon très particulière de présenter les choses puisqu'il s'agit avant tout de découper la communauté nationale de chaque pays en tranches d'individus ou de petites communautés qui vont être traités comme un cœur de cible marketing. Les individus sont ainsi empêchés de se forger une volonté citoyenne nécessaire à la lutte contre les grands intérêts privés. En démantelant la pensée majoritaire qui est l'essence même de la démocratie, on tue la capacité à lutter contre l'appropriation de l'espace public par des intérêts privés. Donald Trump aux Etats-Unis, Brexit au Royaume-Uni, explosion des différents «populismes» en Europe… Ce monde du totalitarisme soft que vous décrivez n'est-il pas gravement secoué? N'y a-t-il pas dans tous ces phénomènes politiques récents un même rejet d'une globalisation néolibérale qui augmente les inégalités socio-économiques et qui uniformise culturellement le monde? Il y a dans ces insurrections par le vote quelque chose qui ressemble à une fronde contre un système dont les citoyens de tous les pays occidentaux voient bien qu'on le leur a imposé. Bien sûr! Il y a dans ces insurrections par le vote quelque chose qui ressemble à une fronde contre un système dont les citoyens de tous les pays occidentaux voient bien qu'on le leur a imposé. Ce n'est pas forcément pour le meilleur d'ailleurs… Car personne ne peut trouver formidable Donald Trump avec ses excès, avec tout ce qu'il peut dire d'absolument consternant. Mais justement, sortons des fausses alternatives! De même que ce n'est pas parce que nous sommes attaqués par un totalitarisme bien plus dangereux, frontal et brutal qu'est le totalitarisme islamiste qu'il faut refuser de voir ce soft totalitarisme dont nous parlons. Ne serait-ce que parce que ce soft totalitarisme fait le lit du totalitarisme islamiste. D'abord parce qu'il déstabilise les Etats-nations, ensuite parce qu'il détruit tous les anticorps des individus qui permettent de lutter contre la radicalisation. Encore parce que cette mondialisation financière et néolibérale s'appuie sur le consumérisme, sur l'abrutissement généralisé des populations et finalement sur leur enfermement dans la simple consommation et dans une misère sociale de plus en plus grande. Sous prétexte qu'il y a un danger islamiste, il ne faut pas refuser de remettre en cause le système tel qu'il est. C'est la raison pour laquelle l'insurrection par le vote que l'on observe un peu partout est une des formes de la colère des peuples. Il faudrait mieux que l'on prenne en compte cette colère, qu'on la comprenne et qu'on y réponde, plutôt que de laisser bouillir la marmite. Au lieu de cela, la réaction depuis quelques années consiste à transformer petit à petit nos institutions pour tenter de verrouiller le système démocratique. On voit très bien comment le système a exclu Bernie Sanders, comment l'establishment démocrate a d'ailleurs ouvertement triché pour favoriser Hillary Clinton. Ça leur a évidemment explosé à la figure, mais pour autant il y a bien là une forme de confiscation de la démocratie. De même en France, on voit comment le mécanisme des primaires essaie de contenir tout ce qui pourrait remettre en cause le système. N'y a-t-il pas lieu d'être optimiste puisque François Fillon par exemple n'était pas le candidat de l'establishment et a fait mentir les prévisions tant politico-médiatiques que sondagières? Oui, effectivement, on a François Fillon d'un côté. On a de l'autre Jean-Luc Mélenchon qui refuse d'entrer dans le cadre des primaires. On voit bien que ce système ne marche pas et qu'il craque de tous les côtés. Mais le tout est de savoir si l'on arrivera à remettre en cause ce qui est la base de ce soft totalitarisme, à savoir le pouvoir des multinationales à travers l'idéologie libre-échangiste. Les peuples peuvent s'exprimer par leur vote, mais encore faut-il ensuite que les élus puissent agir conformément à leur mandat. Dans un monde de plus en plus complexe, global, rapide, interconnecté, n'y a-t-il pas une impuissance naturelle du politique? Est-ce à l'échelon national que le politique peut être vraiment en prise avec le réel? Ce n'est pas à l'échelon national que les problèmes se règleront, mais l'échelon national sert prioritairement à exprimer la volonté des peuples. Ce n'est pas à l'échelon national que les problèmes se règleront, mais l'échelon national sert prioritairement à exprimer la volonté des peuples. Pour le reste, nous avons laissé faire cette impuissance politique, elle a été organisée. Notre rôle de citoyen est d'imposer à nos politiques une obligation de puissance. Il s'agit pour nous de choisir les politiques qui auront la volonté de lutter contre ce système. Ça s'appelle la souveraineté. Lutter contre cette globalisation qui privatise la démocratie, cela peut se faire grâce à des politiques qui sauront refuser ce qui leur semble inacceptable, par exemple refuser les traités de libre-échange dans la mesure où ceux-ci sont une renonciation totale au modèle civilisationnel européen. Et pardon, ce n'est pas si compliqué de le refuser! J'ai le souvenir des propos du Général de Gaulle cité par Alain Peyrefitte dans C'était De Gaulle. Ce dernier lui parlait du traité de Rome et lui faisait remarquer que rien n'était prévu pour en sortir. De Gaulle répondait en substance: «C'est de la foutaise. Avez-vous déjà vu un grand pays être couillonné sous prétexte qu'il n'y a rien de prévu pour qu'il arrête d'être couillonné?». Il continuait en disant: «Quand on est couillonné, on dit «je suis couillonné, je m'en vais. C'est tout». C'est une question de volonté. Ça ne veut pas dire de se renfermer dans ses frontières comme on veut nous le faire dire. Mais ça veut dire réguler ce système. Il s'agit d'une juste régulation pour préserver les intérêts des citoyens. Votre ouvrage se conclut par un appel à passer d'une gestion globale des choses à une gestion locale. Le Small is beautiful publié en 1979 par l'économiste Ernst Schumacher est-il encore vraiment possible à l'heure des grandes ruptures technologiques que nous connaissons? N'est-ce pas utopique? Le local n'est non seulement pas utopique, mais ce sont même les nouvelles technologies dans ce qu'elles ont de positif qui peuvent nous aider. C'est non seulement pas utopique, mais ce sont même les nouvelles technologies dans ce qu'elles ont de positif qui peuvent nous aider. C'est par là qu'on peut retrouver une pleine souveraineté sur notre façon de vivre, de consommer, de nous mouvoir, etc. Tout achat est un acte politique. Par ces choix de consommation, on choisit de soutenir un système ou un autre. C'est par le retour à une échelle locale que nous allons de nouveau pouvoir maitriser les flux économiques et retrouver un poids qui nous permettra de décider de notre avenir, de faire face à ce qui jusqu'à présent n'est qu'une concurrence déloyale. Reprendre une échelle locale permettra au citoyen d'avoir une prise et de répondre ensuite aux grands enjeux internationaux. Le système craque et l'on voit tout à coup l'Europe imposer à Apple une amende de 13 milliards d'euros pour tout ce dont elle a bénéficié comme largesses fiscales de la part de l'Irlande. Ça ne s'est fait que pour une raison: parce qu'il y a eu le Brexit et parce qu'il y a eu la remise en cause populaire des traités de libre-échange. C'est la voix des peuples qui a permis à l'Europe de retrouver son rôle. Il faut que l'Europe retrouve ce pour quoi elle a été fondée, à savoir la préférence communautaire. Au départ, il s'agissait de créer un marché intérieur, d'échanger entre pays qui auraient les mêmes conditions et qui œuvreraient ensemble parce qu'ils auraient la même vision et la même culture de ce que seraient les droits sociaux. Ceci a été complètement brisé en élargissant l'Europe de façon folle, en ouvrant les frontières au nom d'une idéologie libre-échangiste que ne pratiquent pas les autres grands ensembles du monde. Avec le Comité Orwell, nous avons voulu mettre des mots sur ce que les citoyens ressentent, parce qu'ils savent qu'on est en train de leur confisquer leur liberté, leur voix, leur souveraineté. |
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On a rencontré Sébastien Arsac, co-fondateur de l'association L214 Ethique et Animaux ! Un véritable exemple de gentillesse et de bienveillance citoyenne. « Depuis que l’humanité existe, on considère qu’il y a à peu près 120 milliards d’êtres humains qui sont passés sur cette planète… Tous les deux ans, nous exterminons l’équivalent d’animaux terrestres, et en un mois, on extermine autant de poissons que d’être humains qui sont passés sur cette planète… C’est absolument gigantesque. » Pour les soutenir, c'est par ici : https://www.l214.com/ Pour soutenir un média 100 % indépendant : http://urlz.fr/5pfM La Relève et La Peste |
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