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le 25/10/2016 à 15:17:26
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Miyazaki, Ghibli et le souhait d’émancipation des femmes 22 octobre 20169337 0 Partager sur Facebook Tweeter sur twitter Depuis sa création en juin 1985, le Studio Ghibli, grande figure de l’animation japonaise, a toujours été considéré comme innovateur et avangardiste. Il faut croire qu’Hayao Miyazaki avait décidé de cette ligne directrice à la création du Studio. Il avait personnellement choisi son nom en référence au Caproni Ca.309² Ghibli. C’était un avion de reconnaissance italien utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est clair qu’il avait voulu donner à son travail ce rôle d’éclaireur, de pionnier qui caractérise aujourd’hui tant le Studio Ghibli. Depuis 30 ans, leurs animations dénoncent les dérives d’un monde autour des thèmes de l’écologie, la violence liée à la guerre ou encore l’avancée technologique. Plus flagrant encore, le rôle important qu’ils accordent aux femmes les distingue des autres studio d’animations. Historiquement parlant, la présence de la femme « héroïne » dans les films d’animation est récente et très limitée. Comme c’est encore le cas dans quelques animés d’aujourd’hui, leur rôle s’arrêtait souvent à l’incarnation d’un certain stéréotype féminin japonais, et cela à travers des schémas manichéistes. Leur personnage doit rentrer dans un schéma précis, une caricature facilement compréhensible pour le lecteur japonais : belle ou laide, gentille ou méchante, sage et soumise ou femme fatale. Leurs caractéristiques se heurtaient à un mur assez rapidement, en faisant des personnages très plats, loin du réel. 03_ghibli Extrait de Princesse Mononoké Avec Nausicää de la Vallée, sorti en 1983, le studio Ghibli vient balayer ces clichés et apporter un vent de fraicheur en matière de personnage féminin. Premièrement, le rôle principal d’un animé visant un public large (et non pas un sexe en particulier) se voit être donné à une femme, une grande première dans l’archipel. Cette œuvre incarne aussi une des premières fois ou une femme se voit attribuer des caractéristiques considérées dans la société patriarcale comme «viriles» : Nausicää est forte, indépendante, débrouillarde, combattante et domine même les hommes. Le Studio Ghibli, et particulièrement Miyazaki, va reproduire cette inversion du rapport de domination fortement présent dans la société japonaise à presque chacun des animés suivants. Que ce soit la Princesse Mononoké, Nausicää ou des personnages secondaires tels que Dame Eboshi, la Reine … ou la Princesse Kushana, elles sont toutes des femmes indépendantes et fortes qui dirigent des sociétés. La hiérarchie traditionnelle japonaise (voir mondiale) est donc renversée. Cela s’explique aussi par le fait que le Studio Ghibli et Miyazaki identifient souvent leurs personnes à la figure de la Mère, incarnant l’autorité et infantilisant de la même manière les hommes. Ainsi, les hommes (sauf exception) sont souvent tournés à la dérision dans leurs films d’animation et tiennent des rôles secondaires. Quand ils sont personnages principaux, ils sont relégués à un soutien, une aide, une épaule. Un rôle habituellement attribué, dans l’imaginaire collectif, à la femme japonaise. Malgré ce détournement du rapport de force, les « femmes de Miyazaki » n’en abandonnent pas moins des valeurs fortes et humaines. La compassion, l’amour, la tolérance, le respect sont des atouts récurrents chez ces personnages. Ainsi, elles ne rentrent dans aucun cliché antagoniste, pour être simplement elles-mêmes. 01_ghibli Dans une interview accordée au Guardian en 2015, Hayao Miyazaki avait déclaré : « Beaucoup de mes films comportent des personnages féminins forts. Des filles courageuses et indépendantes. Elles auront peut être besoin d’un ami, ou d’un soutien, mais en aucun cas d’un sauveur. Les femmes sont capables d’être de vrais héros, tout autant que les hommes. ». Quand on ne les voit pas dominantes, elles s’affranchissent de l’autorité masculine, comme dans Ponyo sur la Falaise ou dans le Château dans le ciel. En dépit de leur récente collaboration, on réalise toute la fracture qui existe entre Disney (qui s’améliore dernièrement) et l’univers Ghibli sur la question… Par cette émancipation, le Studio Ghibli diversifie la représentation des femmes dans l’animé : elles sont princesses, guerrières, sauvages, civilisées, magiques, ordinaires, vieilles, jeunes, porte parole d’un autre monde, mère dominantes ou filles indépendantes. Non cloisonnée à une fonction prédéterminée par la société, voilà la femme libre et plurielle. Les récentes productions n’échappent d’ailleurs pas à la règle. Ronya, fille de brigand, la toute première série télévisée supervisée par le Studio Ghibli, présente les aventures d’une toute jeune fille intrépide qui devra faire preuve de courage pour ramener le paix en son pays. 02_ghibli Extrait du Voyage de Chihiro Leur représentation physique est tout aussi intéressante. Contrairement à l’image qu’on se fait des animés japonais classiques, leur silhouette est généralement beaucoup moins mise en valeur. Les formes des femmes sont peu présentes, les vêtements sont souvent larges, leurs cheveux ne sont pas flamboyants et leurs yeux pas immenses. Cela peut certes s’expliquer entre autre par l’idéal de beauté japonais, mais pas uniquement. Le Studio Ghibli ne cherche à renvoyer à aucune image de beauté fantasmée afin de mettre en valeur leurs capacités intellectuelles et leurs esprits avant tout. Détail intéressant, on constatera que Chihiro est beaucoup critiquée sur son physique dans l’animé par les autres personnages. Cette approche choisie par les réalisateurs permet d’anticiper les critiques réelles du spectateur pour s’émanciper de la pression du public et porter l’attention sur son intellect : ce qu’elle est n’est pas visible. De même, les caractéristiques physiques sont beaucoup plus diversifiées que dans l’animation japonaise en général. Quand beaucoup de studios se cantonnent à une héroïne sexy ayant la petite vingtaine, le Studio Ghibli met en scène des bambins comme des personnes âgées. Les personnages sont donc plus réalistes et possède une réelle quête spirituelle mise en valeur. Miyazaki avait déclaré qu’elles sont toutes des filles « courageuses et indépendantes, qui n’hésitent pas une seule seconde à se battre avec tout leur cœur pour ce en quoi elles croient ». Ainsi, en choisissant de représenter la femme à tout âge et dans toute situation possible, le Studio Ghibli, et particulièrement Miyazaki, mettent en valeur l’émancipation de la femme dans une société japonaise toujours très patriarcale. Quand on connait le succès de ces productions, nul doute que ces valeurs participent, même à petite dose, aux évolutions des consciences et comportements. Merci Monsieur Miyazaki. |
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